Discours tenu à Houston le 12 septembre 1962

par John-F. Kennedy

 

 


Bien que la plupart des scientifiques qui aient jamais existé dans le monde vivent et travaillent à notre époque, bien que les effectifs scientifiques dans ce pays doublent tous les douze ans, à une vitesse trois fois supérieure à l’accroissement de la population dans son ensemble, malgré tous ces faits remarquables, l’immense domaine de l’inconnu, de l’invérifiable, de l’inachevé dépasse encore de loin notre savoir collectif.

Nul ne peut mesurer pleinement le chemin parcouru ni la rapidité avec laquelle nous l’avons parcouru mais condensez, si vous le voulez bien, les cinquante mille années de l’histoire humaine en une durée de seulement un demi- siècle. Si l’on se représente les choses ainsi, nos connaissances sur les quarante premières années sont minimes (…) Il y a environ dix ans, toujours selon cette échelle, l’homme est sorti des cavernes (…) Le christianisme n’a pas deux ans. L’imprimerie a été inventé cette année (…) Le mois dernier sont apparus l’éclairage électrique, le téléphone, l’automobile et l’avion. Ce n’est que la semaine dernière que nous avons inventé la pénicilline, la télévision et l’énergie nucléaire.

(…) Il n’est pas surprenant que certains préfèrent que nous fassions une pause à ce stade pour nous reposer, pour attendre un peu. Mais cette ville de Houston, cet État du Texas et ce pays des États-Unis n’ont pas été construits par des hommes qui attendaient Ce pays a été conquis par des hommes qui allaient de l’avant ; il en sera de même pour l’espace.

(…) L’exploration de l’espace va se poursuivre, que nous y prenions part ou non, c’est l’une des plus grades aventures de tous les temps et aucune nation aspirant au premier rang parmi les nations ne peut se permettre de prendre du retard dans la course à l’espace (…) Nous avons l’intention d’y prendre part, nous l’avons l’attention d’en prendre la tête (…) Nous nous lançons à l’assaut de ce nouvel océan parce que nous y gagnerons de nouvelles connaissances, en retirerons de nouveaux droits, qui doivent être conquis et utilisés pour le progrès de tous les peuples.

(…) Nous choisissons d’aller sur la Lune. Nous choisissons d’aller sur la Lune avant la fin de la décennie, et de mener à bien le reste, non parce que c’est facile mais parce que c’est difficile, parce que cet objectif permettra d’organiser et de mesurer le meilleur de nos énergies et de nos talents.

(…) Je pense que nous allons y arriver et que nous devons dépenser ce qui est nécessaire (…) Il y a de nombreuses années, on demandait à l’explorateur britannique Mallory, qui allait mourir dans l’Everest, pourquoi il voulait l’escalader : « Parce qu’il est là » répondit-il.

Et bien l’espace est là et nous allons l’escalader, et la Lune et les planètes sont là, et avec elles un nouvel espoir de connaissance et de paix. Au moment du départ, nous implorons la bénédiction de Dieu sur l’aventure la plus incertaine, la plus risquée et la plus grande de toutes celles que l’homme ait jamais entreprises.

Merci.


mis en ligne le 17 mars 2010