Edito Le Temps |
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Le temps... Vaste question. Mais au fait, de quel temps parle-t-on ? De celui qui au petit matin m'incite, le nez à ma fenêtre, à prendre ou non mon parapluie ? Ou s'agit-il du temps que l'on note avec un grand T, tout auréolé de mystère, au point que Saint Augustin lui-même avoue dans le livre XI de ses Confessions: "Si on ne me le demande pas, je crois savoir ce qu'est le temps, mais si on me le demande, je ne le sais plus." Oui, il s'agit bien de celui-ci, de ce temps si familier que les langues latine et française le consacrent dans des dizaines d'expressions presque quotidiennes. Laissons au philosophe le soin de sa définition et laissons-nous plutôt bercer par le temps passé si cher à Marcel Proust, ses réminiscences et ses phrases magistrales dont la longueur même ne reflète que trop l'écoulement du temps. Quittons maintenant ce temps sensible, singulier pour nous intéresser au temps d'un passé bien plus reculé que nos propres enfances ou existences et laissons-nous entraîner dans les vertiges du temps géologique et de son inéluctable corollaire : les problèmes de datation. Découvrons alors divers outils allant de la Bible au carbone 14 en passant par la stratigraphie. Vertige, passé, impossible définition... Le temps est donc si fuyant, si impalpable qu'il n'y aurait rien à en dire. Les hommes ont pourtant de tout temps cherché à se l'approprier, à le maîtriser, non en l'arrêtant, comme le ferait un naturaliste avec un insecte pour l'observer sous son microscope, mais en le mesurant. Des pierres levées de Stonehenge à l'horloge atomique, les hommes ont ainsi inventé quantité d'instruments. Le temps est mesuré avec une précision certes bien meilleure que celle de nos ancêtres. Mais est-il pour autant moins angoissant ? A l'inverse, ne serait-il pas même devenu plus pressant, plus présent ? Pour preuve : la peinture hollandaise du XVIIe siècle qui, en somme, et presque avec entêtement, ne parle que de ça. Nous évoquons le temps, au singulier, comme s'il n'était qu'un. Soit, il a une propriété indéniable, universelle, celle de mener chacun d'entre nous vers une issue identique : la Mort ! Mais enfin, est-il unique pour autant ? Début de réponse avec la théorie physique qui en secoua plus d'un : la relativité d'Einstein. Autre vertige du temps, soit dit en passant... Et pour clore ce numéro, trois "sujets libres" allant du cinéma au géomagnétisme en passant par la philosophie grecque. Tout le monde connaît les frères Lumière : ils sont les inventeurs du cinéma. Mais qui se souvient de Georges Mélies ? Pourtant, c'est lui et bien lui à qui l'on doit une part indéniable de la féerie du 7e art. Hommage au grand maître, au cinémagicien. "Se montrer sceptique", "vivre en épicurien", "faire preuve de cynisme"... Ces expressions renvoient aux grandes écoles philosophiques de l'Antiquité. L'originalité de Pierre Hadot est de nous offrir une image renouvelée de ces écoles qui privilégiaient toutes une manière de vivre spécifique sur les chemins de la sagesse... Un peu de sciences physiques pour conclure : le géomagnétisme, au carrefour de nombreuses disciplines, et aux conclusions intrigantes, au point que les spécialistes eux-mêmes sont parfois déroutés par leurs propres découvertes. Dossier du prochain numéro : Le Soleil. Nous y travaillons déjà, pour vous, pour nous. |